Avec la « révolution industrielle » et la mise en place du capitalisme dans les sociétés occidentales, les ouvriers étaient contraints de travailler 10, 12, 15 heures par jour dans les fabriques pour gagner à peine de quoi manger.Limiter la journée de travail, c’était permettre à tous ceux qui le désiraient de s’instruire, de comprendre leur vie, d’échapper à la vie de machine qu’on voulait leur imposer, pour devenir des acteurs sociaux à part entière, aptes à faire évoluer leur avenir dans le sens qui leur semblait bon. Cette revendication n’était donc pas une fin en soi, mais une condition nécessaire pour les aspirations révolutionnaires.

C’est dans ce sens que manifestèrent les travailleurs états-uniens, le 1er mai 1886, avec comme revendication les huit heures de travail journalier. A Chicago, la mobilisation fut très importante. Des « lock out » ripostèrent face aux manifestations. Le 4 mai, à la fin d’un meeting appelé par des anarchistes et réunissant 15 000 personnes, la police tira sur la foule; une bombe, lancée en fait par un flic, avait éclaté dans les rangs des forces de l’« ordre ». Ce qui entraîna de nombreuses arrestations, 8 anarchistes furent condamnés à la pendaison ; la veille de l’exécution, Lingg se suicida pour sauver la vie de ses compagnons, ce qui n’empêcha pas l’exécution de 4 d’entre eux : Parsons, Spies, Engel, et Fischer. Schwab et Fielden avaient vu leur peine commuée au bagne à perpétuité, et Neebe à 15 ans de prison. Leur seule culpabilité fut de s’être battus pour la vérité et la liberté. En 1893, tous les passe-droits et infamies du procès furent dénoncés et il fut démontré que le verdict avait été rendu par ordre. En conséquence les 3 condamnés furent relaxés et les 5 suppliciés furent réhabilités publiquement.

Deux ans après cette exécution, en 1889, deux congrès internationaux se réunirent à Paris et le 1er  mai devint une journée internationale de grève dont le but principal fut d’obtenir la journée de huit heures.

La « fête du travail » commençait… Le 1er mai 1891 à Fourmies (dans le Nord de la France), le 145e régiment tirait sur les grévistes tuant 9 personnes et faisant au moins 35 blessés…

Ce n’est qu’en 1941 que le 1er mai cessa d’être un jour de lutte pour devenir un jour férié, comme « Fête du travail et de la concorde sociale» instituée par… le gouvernement de Pétain.

Aujourd’hui, dans un capitalisme mondialisé et financier, ce sont des travailleurs chinois par exemple qui connaissent l’exploitation industrielle que l’ «  occident » a connu à la fin du XIXe siècle. Celle-ci peut prendre diverses formes suivant les pays, depuis les conditions de travail mortifères du Bangladesh, jusqu’aux conditions de mal-vie à base de dépressions, de suicides et de cancers que nous connaissons en France.

L’exploitation des êtres humains et des ressources naturelles s’est en effet déplacée géographiquement, mais le capitalisme, lui, continue de tuer, avec l’aval des gouvernements des États-nations  : soit sous forme d’interventions armées (Libye, Mali, Ukraine, Afghanistan, etc.)  ; soit par une législation précarisant davantage les travailleurs (en France  : ANI, «  pacte de responsabilité »)  ; soit par des politiques laxistes quant à l’insalubrité des boîtes, en Orient par exemple.

Une autre de leurs armes est le discours… Ainsi par un renversement de valeur, les expressions médiatiquement rabâchées comme «  charges patronales » (qui ne sont que nos «  cotisations sociales » et donc une partie de notre salaire sous sa forme socialisée), ou «  coût du travail » font du patron le créateur de valeur économique. Alors que c’est nous qui, par notre labeur, créons cette valeur  : soit directement  ; soit en devenir, par l’emprunt bancaire.

Grands patrons, actionnaires, banquiers et politiques définissent ainsi leurs frontières et défendent leurs intérêts  : le profit maximum au moindre coût pour eux.

À  notre tour de défendre les nôtres. N’oublions pas que nous faisons partie d’une même classe sociale, celle des exploités  ; et que nos valeurs ne sont pas les leurs  : sentraide, lutte contre l’injustice, internationalisme.

La lutte de classe, qu’« on » voudrait nous faire oublier, nous a donné par l’action directe, la grève, de belles victoires dans le passé  : journée de 8 heures de travail, création de la «  sécu » en 1945, augmentation des salaires après 68, etc.

Pourquoi continuer à déléguer notre pouvoir de décision  ? Pourquoi ne pas nous organiser à la base dans nos lieux de travail et de vie, pour des actions locales dans un fédéralisme international (en assemblées générales opérant la synthèse de nos intérêts économiques et politiques par quartier, commune, région… portés par des mandatés contrôlés et révocables vers d’autres quartiers, communes, régions)  ?

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