Encore un article sur l’abstention aux élections, j’en suis désolé…Mais tu peux toujours lire les journaux comme Le Monde ou le Figaro, tu ne seras pas embêté avec ce genre de thématique.

Les solutions venant de l’isoloir sont illusoires et ne produisent que de l’isolement.

Le système électoral laisse les individus dans une situation d’isolement, de division et de soumission aux maîtres qu’ils se sont choisis. Dans le système qui nous gouverne, seul l’élu – vous noterez la connotation religieuse du terme – est légitime et le reste pour agir en notre nom. Évidemment, à la CNT nous ne partageons pas cette conception. Pour nous, élire c’est se désengager, c’est se priver de sa capacité à être un élément politique. En réalité, plus on élit, moins on vote. Drôle de conception ? Pas du tout ! A la CNT, on n’élit jamais, mais on vote régulièrement. On est très attentif à pratiquer une véritable démocratie que nous nommons démocratie directe afin de la distinguer, notamment, de la démocratie parlementaire. Nos mandatés à la CNT (nos élus) n’ont pour pouvoir que de répéter ce que nous avons décidé à la base. Et s’ils font autrement, ils sont immédiatement destitués ! Cela s’apprend de reconnaître le pouvoir illégitime dans ses plus fines magouilles. Pour cela, le syndicat est un lieu d’apprentissage. Nous sommes trop attachés à cet étrange sentiment que l’on nomme liberté pour confier sa gestion à quelque autre que nous même ; sauf à préciser les limites, toujours changeantes, de ce que nous attendons de celui à qui nous confions cette liberté. Nous voulons que chacun, toujours, ait le pouvoir sur lui-même et jamais sur les autres. C’est la condition d’une solidarité dépourvue des haillons de la charité.

Les limites des élections ou les élections pièges à cons

Pour ne pas embrouiller mon discours, je ne m’attarderais pas sur les prochaines élections présidentielles…L’actualité me permet de ne pas avoir à m’acharner sur le discrédit du « personnel » politique français – je vous jure, je me retiens pour ne pas polémiquer.

Je préfère vous causer des élections municipales. Soyons concret : si nous avons à vivre ensemble, nous devrions aussi décider des modalités ensemble de notre part de vie collective. Prenons l’exemple simple d’une entreprise implantée dans notre commune qui délocalise, que doit-on faire ? Laisse-t-on le patron partir avec la caisse ? Vol qui peut perpétuer en toute légalité puisque la loi lui est favorable (la bourgeoisie et la noblesse ont pratiquement tous les sièges à l’assemblée nationale et au sénat leur permettant de voter des lois à l’avantage de leur classe). On peut toujours lui reprendre la caisse mais comment ? En élisant un maire ? Il est vrai qu’il a un pouvoir de police sur sa commune ! Il pourrait arrêter ce malfaiteur…J’adore plaisanter.

En tant qu’ organisation interprofessionnelle défendant les principes d’action directe et d’action collective, nous pensons que les salariés doivent s’approprier les moyens de production ; dans cet exemple précis, les travailleurs devraient mettre à la porte ce patron (nous devrions le faire avec tous) puis dans un second temps en cas de difficulté demander aux habitants de la commune qui sont à 85% des prolétaires (en incluant les anciens et les futurs travailleurs) de les soutenir. En tout cas, nous n’aurions pas la médiation du maire, dont l’intervention sera toujours favorable à sa classe sociale ( vous pouvez constater que dans les villes plus de mille habitants, le maire n’est presque jamais un prolo…comment pourrait-il trouver les thunes pour faire une campagne électorale). Le municipalisme libertaire de Bookchin peut donner envie à des copains de tenter de s’engouffrer dans un écologisme électoral de bon aloi, à être élu municipal, reproduisant cette tendance socialiste qui a donné la social-démocratie et a conduit des sections de l’AIT comme la SAC suédoise à excuser un système et à collaborer avec lui. A la CNT, nous restons surpris de la force philosophique qui fait que l’on ne peut obtenir une fin qu’avec des moyens qui lui correspondent. En réponse aux fachos qui hurlent “viva la muerte”, nous opposons l’intelligence vigilante de ceux qui aiment la vie. C’est pour cela aussi que nous ne votons pas pour des gens qui feront de leur mandat ce que leur dira d’en faire les puissants, banquiers ou fonctionnaires. Et qui nous oublieront.

Les modalités d’organisation d’une société future

Sommes-nous trop cons pour gérer collectivement les questions de santé, de production et de société ? Définitivement non ! Les grandes orientations économiques et sociales peuvent faire l’objet de décisions collectives. Un mandat impératif et précis peut être confié à un seul ou à plusieurs individus pour mener une action spécifique ; ils peuvent être révoqués à tout moment, nous n’avons pas à attendre la fin d’une période comme c’est le cas actuellement ( 6 ans pour un maire). Gérons les choses au lieu de vouloir gouverner les gens !

Voter un jour d’élection c’est se priver de la démocratie

Quand les règles du jeu sont truquées, d’autres moyens de lutter existent. Faisons entendre notre voix en nous regroupant dans les halls d’immeubles, dans les cours de nos quartiers, dans les entreprises, les lycées, les facs…c’est la seule évolution possible. A l’opposé des chapelles et des idéologies, sans aucun a priori sur le caractère bon ou mauvais de l’humain, l’anarchosyndicalisme de la CNT développe une pratique, anti-autoritaire, autogestionnaire et tout et tout, tendant vers un but, peut-être lointain, qui sait pour l’instant impossible, celui d’une société où sera évident que le mieux, le plus simple, le moins coûteux, le plus solidaire, le plus sympa, le pas-tordu, le plus humain, le plus doux, l’évidence, le constat, et j’en passe c’est : “de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins.”Quel candidat vous propose ça ? S’il y en a un, c’est qu’il vous ment, comme les autres.

Ne comptons pas sur le parti politique ou l’association de service. Rejoignons-nous, organisons-nous, dialoguons et ne laissons personne décider pour nous. Travaillons ensemble pour notre propre intérêt et celui de notre classe. Nous avons tant à nous apprendre !

Article écrit à plusieurs mains

PS : Spéciale dédicace à Nicoco qui a produit le tract initial